J’ai appris le savoir-faire en voie de disparition de la sculpture de Wagatabon 我谷盆 en août 2019 auprès du maître menuisier japonais Masashi Kutsuwa (ありがとうございました久津輪 雅さん), qui a lui-même appris auprès du maître sculpteur de wagatabon Shinichi Moriguchi 森口信一さん.
Perpétuer et faire vivre ce savoir-faire est pour moi une manière de célébrer les techniques artisanales vernaculaires et « l’intelligence de la main ». Prendre le temps de fabriquer consciencieusement avec de simples outils manuels : un processus méditatif donnant naissance à des pièces uniques qui ont une âme.
Mes plateaux à thé sont lentement sculptés dans la masse sur un atedai 当て台 (établi/banc japonais) à l’aide de seulement trois outils : un ciseau à bois, une gouge et un maillet. La pièce de bois étant préalablement équarrie à la hache à partir d’un tronc d’arbre fraichement coupé à la scie. Tronc d’arbre éthiquement sourcés provenant d’arbres qui ont poussé localement.
Wagatabon 我谷盆 : Wagata fait référence au petit village de Wagatani, à Ishikawa-ken, Japon ; et Bon signifie plateau. Le wagata-bon est un type de plateau en bois qui était autrefois confectionné par les fabricants de bardeaux de toit dans le village de Wagatani. On raconte que les plateaux y étaient fabriqués depuis le début du XVIIe siècle. Les artisans fendaient des bûches de châtaignier vert pour produire des bardeaux, et gardaient les bons morceaux pour sculpter les plateaux l’hiver venu. Le savoir-faire a disparu dans les années 1960 avant d’être ressuscité par quelques artisans japonais tels que Tatsuaki Kuroda 黒田辰秋, le premier trésor national vivant du Japon reconnu pour son travail du bois.
Ce savoir-faire est aujourd’hui perpétué par une poignée d’artisans au Japon et dans le monde.